Raymond Pierre Chigot    
Développer, c’est aussi anticiper, savoir occuper le terrain que les compétiteurs se disputeront quand la destination sera lancée. A Dubaï, à la fin des années 90 Raymond Chigot a vite repéré le potentiel de développement de la plage de Jumeirah, pourtant située à 10 km du centre ville, loin de la « Creek » où sont concentrés les banques et les sièges sociaux. “En discutant avec les responsables locaux, on pouvait deviner la volonté d’expansion de l’émirat et l’explosion de son activité touristique. Nous avons pu nous installer au meilleur endroit de la plage de Jumeirah, dans la parfaite tradition Hilton, pour construire 500 chambres avant que les autres groupes ne convoitent les emplacements autour”. Huit ans plus tard, il ne reste plus une seule parcelle de terrains pour les retardataires et les conditions financières ont beaucoup évolué. Le parfait duo formé entre Raymond Chigot et son investisseur dubaïotte a pu donner naissance à un autre projet. L’investisseur avait lancé un projet d’immeuble d’appartements haut de gamme au milieu de Dubaï Creek, avec l’architecte canadien Carlos Ott – celui qui a créé l’opéra Bastille – “J’ai pu le convaincre en l’espace de 48 heures, après avoir analysé les modifications nécessaires sur plan, que l’emplacement serait parfait pour un second Hilton à vocation Affaires”, se souvient Raymond Chigot.
“Il faut savoir faire preuve d’audace et de conviction, surtout quand on croit à son projet. La réactivité est primordiale dans notre métier et aujourd’hui, c’est l’une des plus belles réalisations de notre chaîne, futuriste et contemporaine”.
Il y a des pays neufs et d’autres qui reviennent après une longue parenthèse dramatique. C’est ce qui est arrivé à la Croatie, fleuron du tourisme yougoslave avant que se déclenche la guerre civile. De ce passé prestigieux, Dubrovnik, la perle de l’Adriatique, avait conservé un patrimoine classé par l’Unesco et heureusement peu touché par la guerre.


 
Mais on ne pouvait pas en dire autant de ces anciens palaces, occupés par des réfugiés ou des milices sans beaucoup de respect pour les bâtiments. Pour que Dubrovnik retrouve sa splendeur passée, il fallait que l’hôtel « Impérial » retrouve toute la place qui fut la sienne. “La ville a un formidable avenir dans le tourisme haut de gamme et le challenge est de pouvoir implanter Hilton avant toutes les autres enseignes internationales dans la vieille ville”, explique Raymond Pierre Chigot qui a jeté son dévolu sur l’Impérial. “J’ai pu rencontrer un armateur croate, qui a grandi à Dubrovnik, et avec lequel j’ai partagé mon rêve de faire revivre « l’Impérial » s’il s’investissait dans le projet”. Le rêve est en train de devenir réalité. Le pari d’accompagner le retour de la Croatie dans le cercle des destinations majeures sera gagné avec l’ouverture en mai 2005 d’un hôtel restauré, à la pointe de la modernité, mais ayant préservé le souvenir de sa tradition.

Etre attentif aux comportements des clients permet aussi de prendre de l’avance sur la concurrence. Au Koweït, les grandes enseignes veulent accueillir les hommes d’affaires en centre ville. Se sont-elles préoccupées de voir ce que les Koweïtis faisaient de leur temps libre ? “Les hommes d’affaires du Moyen-Orient sont de plus en plus tentés de retrouver leur vie de famille, comme nous Occidentaux, et de multiplier les breaks pour décompresser ou renouer les liens avec les enfants”, analyse Raymond Chigot. “Ils ne sont pas prêts à sauter dans un avion pour se détendre à des milliers de kilomètres quand ils ont, près de chez eux la mer et la plage”. Face à un board d’abord incrédule, Raymond Pierre Chigot propose de construire le premier resort familial de Koweït, à 25 km de la capitale. Poussant la logique de détente jusqu’au bout, il fait appel à un spécialiste breton de la thalassothérapie pour installer un centre de remise en forme sur les bords du Golfe.

 
Page 1 Page 2 Page 3 Page 4 Page 5 Page 6 C.V. Accueil