Raymond Pierre Chigot    
Quand la chaîne fait l’objet d’un rachat, il en est le président pour la France. Mais c’est une nouvelle équipe qui s’installe pour prendre les commandes du groupe. “Je n’ai pas baissé les bras pour autant, car dès le week-end le patron d’un groupe anglais me téléphone et me propose de gérer le Berners’, un palace traditionnel londonien dans le plus pur style Edwardien”. Il s’installe aussitôt à Londres avec femme et enfants, entamant une nouvelle carrière à la tête de ce monument de l’hôtellerie anglaise. Nouvelle expérience, nouveaux défis, mais Raymond Pierre Chigot s’y sent un peu à l’étroit. Il veut à nouveau intégrer une chaîne internationale pour y donner la pleine mesure de son talent.
Ce sera le groupe Hilton, où il entre en 1991 comme vice-président du développement pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. La chaîne venait d’être reprise par le groupe Ladbroke et manifestait de grandes ambitions de développement. “C’était une forme d’aboutissement. Je pouvais enfin réaliser la synthèse entre l’exploitation, la finance et la stratégie d’implantation pour le compte de l’enseigne la plus symbolique de l’industrie hôtelière mondiale”, résume-t-il.
Dans les années quatre-vingt-dix, Raymond Pierre Chigot entame son parcours de développeur qui le mènera dans une trentaine de pays, souvent en pionnier, dans la plus pure tradition de l’enseigne. “J’ai découvert ma véritable vocation. Celle d’emmener Hilton dans des pays nouveaux et de participer à son plus grand rayonnement mondial. C’était la mission qu’on m’avait confiée”. Chacune des cinquante implantations d’hôtels auxquelles il donne vie est une aventure unique et différente, souvent avec une bonne dose de risques pour l’époque. “A un certain niveau de responsabilité, quelqu’un qui n’est pas capable d’assumer la part de risque nécessaire à l’aboutissement d’un projet n’a pas sa place”. Telle est encore la philosophie qui l’anime aujourd’hui.
 
“Le plus important dans le métier de développeur est de transformer sa vision en réalité. Conrad Hilton lui-même avait dit : Si vous voulez être capable de faire de grandes choses, il faut être capable de faire des rêves immenses. Cela correspondait tout à fait à mes ambitions personnelles”. Véritable chef d’orchestre, il n’a de cesse de faire travailler entre eux tous les partenaires d’un projet : propriétaires, financiers, architectes, constructeurs, décorateurs, pour donner naissance à de nouveaux établissements. “L’implication personnelle est capitale”, répète-t-il souvent. “Le bon développeur saura faire passer son charisme, sa vision du projet, et convaincre les investisseurs de la faisabilité du projet. La négociation est d’abord une affaire de relations humaines. Bien sûr, vous êtes jugé sur la marque et les valeurs qu’elle représente, mais aussi, et au moins autant, sur votre crédibilité personnelle à faire aboutir le projet. Heureusement que la fibre personnelle a encore une réelle importance, c’est l’un des principaux intérêts de ce métier”.

Pour mener à bien chacun de ses projets, Raymond Pierre Chigot applique une règle de conduite simple, apprise dès le début de sa carrière et qui tient dans les cinq lettres du mot Pride (fierté en anglais) : Persévérance, Responsabilité, Intégrité, Discipline et Enthousiasme. Chaque mot a son importance et c’est leur combinaison qui permet d’aboutir au projet final dont on peut être fier. La formule n’a pas pris une ride.

Le plus passionnant est de permettre à Hilton de mettre pied dans de nouveaux territoires, une démarche qui a toujours fait partie de la culture d’Hilton. “Je me suis tout de suite senti en symbiose avec cette philosophie de pionnier. Il fallait oser ouvrir un hôtel à Hanoi en 1997, créer 800 chambres à Prague dans les années quatre-vingt-dix ou reprendre l’Athénée Palace de Bucarest juste après le chaos laissé par la présidence de Ceausescu”.
 
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